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Le Public Knowledge Project (PKP) développe une suite de logiciels libres pour la gestion éditoriale, offre des services aux chercheur.e.s et mène différents projets de recherche sur la communication savante. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ses activités et son expertise?

Même si PKP est mieux connu pour le logiciel d’édition largement utilisé Open Journal Systems (OJS), ce que nous offrons aux communautés de recherche et de l’édition savante va bien au-delà d’une suite de logiciels libres. Notre travail peut être regroupé en trois grandes catégories : 1) le développement de logiciels qui font notre renommée; 2) les services d’édition que nous offrons (comme l’hébergement, la préservation et l’indexation); et 3) nos activités éducatives, de recherche et de promotion.

Sur le plan des logiciels, en plus d’OJS, nous avons aussi développé un logiciel pour l’édition de monographies savantes et, en partie dans le cadre de ce projet, nous soutenons également le développement d’un logiciel pour l’édition de documents XML et d’un outil de collecte de données sur les réseaux sociaux.

Pour ce qui concerne nos services (PKP Publishing Services ou PKP | PS), nous avons mis sur pied une solution professionnelle d’hébergement de revues qui s’appuie sur l’expertise de notre équipe. Nous offrons des services d’hébergement, de mises à niveau et de personnalisation qui, au bout du compte, profitent à toute la communauté et à d’autres intervenant.e.s. Vous trouverez les détails ici.

Enfin, nous menons un large éventail d’activités. À titre de chercheur.e.s universitaires, nous réalisons des travaux de recherche variés sur le libre  accès, les modèles de financement, les mesures de la recherche, les incitatifs universitaires et plus encore. Nous sommes également des intervenant.e.s actif.ve.s dans la communauté puisque nous participons à de nombreux événements sur le libre accès, les bibliothèques et l’édition savante, et faisons la promotion des milliers de revues qui forment notre communauté d’utilisateur.trice.s. Enfin, la PKP School offre des modules en ligne (en anglais et en espagnol) sur le processus d’édition de revues et d’autres thèmes connexes.

Dans le cadre du projet CO.SHS, PKP œuvre à deux projets qui reflètent différentes facettes de son travail. Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet?

Nous travaillons à deux grands projets : un outil pour créer des documents XML à partir de textes d’auteur.e.s et un outil ouvert pour la collecte de mesures d’impact alternatives.

Le premier a pour but de faciliter la production à faible coût de documents pouvant être lus par des machines et utilisés pour la création automatisée de HTML et de PDF pour la publication. Les documents au format JATS XML sont plus courants dans les sciences naturelles que dans les sciences sociales. Nous espérons qu’en facilitant la création de ces documents sémantiquement annotés, nous aiderons à réduire les coûts d’édition et à faciliter la diffusion en libre accès.

Le deuxième projet vise à réduire la dépendance aux services commerciaux pour la collecte de mesures sur les réseaux sociaux grâce au développement d’une solution ouverte, Paperbuzz. Pour ce faire, nous avons collaboré avec ImpactStory afin de produire des mesures faciles à utiliser à partir des données collectées par Crossref Event Data. Le service Paperbuzz fournit ces mesures par l’entremise d’une interface de programmation d’applications (API) au niveau des articles, ce qui permet notamment aux revues de savoir où leurs articles ont circulé dans le Web.

Alors que les médias sociaux et plateformes en ligne gagnent en importance dans la communication savante, les mesures d’impact alternatives sont encore assez mal comprises. Pouvez-vous nous expliquer ce qu’elles peuvent mesurer et ce qu’elles signifient?

Depuis les tout débuts des mesures d’impact alternatives, je demande aux gens de ne pas trop s’attarder à l’aspect « métrique » de ces mesures. Plusieurs études ont démontré qu’elles ne sont pas corrélées aux citations, qu’elles sont sujettes à divers biais et que les publications sont partagées pour tout un éventail de raisons. Les données obtenues dans ces conditions sont d’une valeur limitée et cela est encore plus vrai des comparaisons qu’on peut essayer de faire.

À mon avis, les mesures d’impact alternatives ont de la valeur en ce qu’elles nous permettent de mieux comprendre où et comment la recherche circule. Les chercheur.e.s peuvent les utiliser pour découvrir qui partage leurs travaux et les façons nouvelles dont on en parle, ce qui est toujours intéressant.

Que peut faire la communauté de la recherche pour utiliser ce nouveau type de mesures à bon escient et se prémunir contre le problème de la « fixation sur les mesures »? Pensez-vous que le développement d’une solution communautaire peut aider à régler ce problème?

J’ai un peu répondu à la première question plus tôt, mais je dirais que, en somme, une solution communautaire ouverte et fondée sur des données ouvertes ne peut pas à elle seule éliminer la propension à utiliser les mesures pour quantifier et hiérarchiser. Toutefois, elle offre à la communauté l’occasion d’utiliser ces mesures autrement et l’invite à se pencher sur ce qui est mesuré et comment, et à faire preuve de transparence à cet égard. Ces conditions préalables sont importantes pour le développement d’outils et de mesures qui servent mieux les intérêts de la communauté savante.

Le projet Paperbuzz produira différents résultats :

  • un service Web;
  • une API pour accéder aux mesures;
  • une librairie de visualisation Javascript (PaperbuzzViz) qui peut être réutilisée et personnalisée;
  • un module d’extension pour ajouter PaperbuzzViz facilement aux revues OJS;
  • et bien sûr le code source de tous ces développements.

Oui, et le module d'extension vient tout juste d'être lancé! Je vous invite à lire l'annonce ici.

Vous travaillez en parallèle à un projet sur Facebook afin d’intégrer cette source de données dans Crossref Event Data et ainsi en améliorer la couverture. Qu’avez-vous accompli jusqu’à maintenant dans le cadre de cette initiative?

Nous avons fini de développer une méthode pour collecter les données sur le nombre de partages des articles sur Facebook. Cela suppose de nombreux défis, que nous avons présentés à la conférence STI de l’an dernier, mais nous sommes certain.e.s que nous avons un bon mécanisme en place et un outil efficace pour l’implanter.

Toutefois, avant de pouvoir le rendre disponible, nous devons faire deux choses : 1) mettre en œuvre un programme de commande pour interroger Facebook en respectant les limites permises; et 2) terminer les tests et le travail avec Crossref afin que nous puissions leur envoyer les données. Une fois cela accompli, nous devrons également travailler avec Paperbuzz afin de nous assurer que les données puissent être lues et rendues disponibles par l’entremise de l’API.

Utilisez-vous toutes les sources de données de Crossref Event Data dans Paperbuzz?

Oui, c’est le cas, et PaperbuzzVizz affiche tout ce qui est disponible. On peut consulter les détails des sources de données disponibles dans le guide d’utilisateur de Crossref Event Data.

Comment vous assurerez-vous que les données sont identiques pour un DOI donné sur différentes plateformes?

Plusieurs études se sont intéressées aux similitudes et chevauchements entre les différents fournisseurs de mesures d’impact alternatives. Ces études ont permis de constater, peut-être sans surprise, qu’il y a assez peu de similitudes. Le Web est un fouillis, le moment choisi pour collecter des données a un impact, et consigner les mentions n’est pas une science exacte. Pour chaque plateforme, y compris Crossref Event Data et Paperbuzz, des décisions sont prises qui ont une incidence sur la couverture et les chiffres. Au moins, les choix faits pour ce nouveau service sont complètement transparents.

PKP a-t-il l’intention de maintenir et d’améliorer ce service à long terme (par exemple par l’ajout de nouvelles sources de données ou la mise à jour de PaperbuzzViz)?

Nous avons choisi de bâtir ce service en utilisant Crossref Event Data parce que cela offre à la communauté une certaine garantie que les données sous-jacentes continueront d’être disponibles à long terme. ImpactStory maintient aussi ses services depuis longtemps, même si ses priorités ont changé. Nous avons l’intention de continuer à travailler avec eux pour maintenir le service tant et aussi longtemps qu’il sera nécessaire.

Cela dit, comme il s’agit d’un service à code source ouvert et de données ouvertes, n’importe qui pourrait éventuellement prendre la relève.